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A la santé du temps

Il trouve toujours les interstices.

S'il y a une faille dans le récit d'une photographie, Ludovic Simon la verra.


Dans cette nouvelle pièce, Ludovic Simon nous convie à une scène apparemment banale : un moment de réception, verres à la main, visages tournés vers l’objectif. Mais ce qui devrait être une image d’archive paisible se transforme en une apparition troublante, presque spectrale.

Les figures, à demi effacées sous les couches de peinture, semblent à la fois présentes et déjà disparues. Les couleurs – éclats roses, jaunes et verts appliqués en gestes brutaux – n’illuminent pas les visages : elles les brouillent, comme si Simon repeignait par-dessus un souvenir trop net, trop poli pour être honnête. Ici, l’acte pictural n’est pas décoratif : il est un effacement actif, une mise à distance.

La nappe rouge-orangé, saturée, agit comme une balafre chromatique qui coupe l’image en deux, séparant les vivants de leurs propres fantômes. Autour, les verres de vin et les sourires gelés prennent des airs de rituel figé. C’est toute une sociabilité d’un autre temps qui se trouve ici disséquée, puis recouverte d’un voile de peinture acide.

On pourrait croire à une destruction ; c’est en réalité une opération de vérité. Ludovic Simon ne maquille pas ces visages : il les dépouille de leur masque photographique pour en révéler l’étrangeté. Entre la convivialité et l’oubli, il ne reste qu’une poignée d’ombres bariolées, suspendues dans un éternel toast sans chaleur.

Avec La politesse des spectres, Simon signe une nouvelle variation sur la mémoire collective — et rappelle que derrière chaque sourire d’archive se cache une matière beaucoup moins lisse : le tremblement obstiné du réel.

www.singulart.com

10

Tirages numérotés

1

Signature

1

Certificat d'authenticité

Galerie

A propos de cette œuvre

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