
Autre étude pour un diner
Un regard incroyablement lucide !
Dans Autre étude pour un dîner, Ludovic Simon poursuit son exploration acide des scènes de convivialité. Le repas, prétexte millénaire au lien social, devient chez lui une énigme peinte, un théâtre de tensions floutées, un exercice de mémoire trouée.
Ici encore, une tablée longue, dense, saturée d’invités. Mais cette fois, l’image est presque saturée de motifs : nappes jaunes citron, mur rose criard zébré d’icônes géométriques, bouquet floral baroque en guise de point d’orgue. Une orgie visuelle ? Plutôt une cacophonie. L’excès de décor, loin d’embellir la scène, en souligne le malaise.
Les visages sont à nouveau massacrés. Le geste pictural est nerveux, opaque, volontairement sale. Certains regards sont simplement effacés, d’autres sont hachés à grands coups de pinceau. On ne reconnaît personne, et c’est là tout l’enjeu : cette scène, à l’origine sans doute prise pour garder trace d’un moment heureux, devient ici l’illustration parfaite de la perte d’identité dans les rituels collectifs.
Les enfants, les femmes, les hommes sont là — mais ils sont tous comme mangés par la peinture, engloutis dans le souvenir de leur propre effacement. Le jaune intense de la nappe évoque une lumière artificielle, presque toxique, qui irradie et contamine les convives. Le rose, sur le mur, n’adoucit rien. Il hurle. Il agresse.
Et pourtant, malgré tout cela, il y a dans cette œuvre une forme d’attachement : Ludovic Simon ne détruit pas par cynisme, mais par lucidité. Il cherche, à travers le chaos, à faire parler les silences. À montrer ce qui se cache dans les marges du souvenir. À peindre l’envers des albums de famille.
Autre étude pour un dîner n’est pas seulement une variation sur un même thème : c’est une autopsie picturale du lien social, un festin de fantômes qui continue malgré tout, parce qu’on ne sait plus faire autrement.
10
Tirages numérotés
1
Signature
1
Certificat d'authenticité
Galerie
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